Nous vous invitons à vous mobiliser contre des interventions militaires en Syrie ce dimanche 08 septembre à 17h devant l’Ambassade des USA, 25 bd de la Régence à Bruxelles.
Les Etats-Unis et la France préparent une attaque, sans l’accord de l’ONU qui n’a toujours pas rendu les résultats de l’enquête sur l’utilisation d’armes chimiques. Une intervention militaire ne ferait qu’aggraver la situation qui engendrerait davantage de victimes et de réfugiés et déstabiliserait le reste de la région. Cette intervention militaire anticipée laisse penser qu’une fois de plus l’Occident fait passer ses propres intérêts avant ceux de la population locale. L’alternative d’un dialogue et d’un accord politique est, selon nous, plus à même de résoudre le conflit syrien. Pour ce faire, les négociations entre les différentes parties impliquées dans le conflit doivent démarrer au plus vite. La Belgique doit se distancier de toute escalade militaire et fournir tous les efforts nécessaires pour arriver à une solution.
À quoi servirait une intervention en Syrie ?
Le Forum de Midi, émission du 29-08-2013
Sera-t-il facile de renverser le régime de Bachar Al-Assad ? De quelle manière une coalition emmenée par les États-Unis pourrait agir ? Une intervention militaire est-elle vraiment pertinente ? Comment se positionne la Belgique ? Quel rôle peut jouer l’Europe ou l’ONU ? Quelles sont les autres options sur la table ? On en parle ensemble dans le Forum de midi.
Intervenants : Pierre D’ARGENT, professeur en droit international UCL / Carlos CRESPO, co-président du CNAPD (Coordination Nationale d’Action pour la Paix et la Démocratie / Joseph HENROTIN, chargé d’analyse à l’Institut de Stratégie et des Conflits à Paris et rédacteur en chef de la revue ” Défense et sécurité internationale” / Didier LEROY, chercheur à l’Ecole royale militaire, assistant ULB / Guy VERHOFSTADT, chef des libéraux au Parlement eurpéen (président ALDE).
Syrie : ce n’est pas de l’huile qu’il faut pour arrêter le feu
Rubrique OPNIONS rtbf.be
Pour les présidents du CNAPD, la coordination nationale d’action pour la paix et la démocratie, la probable intervention militaire en Syrie sans mandat de l’ONU ne résoudra rien. Bien au contraire, elle ajoutera des morts aux morts et entamera un peu plus encore les efforts pour faire naître une justice et un ordre internationaux.
Le spectre d’une intervention militaire occidentale en Syrie plane à nouveau, depuis la nouvelle utilisation d’armes chimiques dans le conflit ; attribuée, selon les sources, à l’un ou à l’autre des belligérants et en attendant le rapport de la mission spéciale des Nations-Unies qui a commencé ce lundi 26 août.
Sans attendre, par contre, les États-Unis viennent de déployer un quatrième navire de guerre au large des côtes syriennes et le gouvernement jordanien[1] tient en ce moment une réunion stratégique avec les responsables militaires de Turquie, de Grande-Bretagne, de France, d’Allemagne, d’Italie, du Canada et… du Qatar et de l’Arabie Saoudite, nos désormais meilleurs ennemis dans la célèbre lutte contre le terrorisme. Une intervention militaire paraît envisageable pour eux sans que les Nations-Unies aient eu le temps de faire la clarté sur cette nouvelle étape dans l’horreur.
Ajouter des morts aux morts
Ces musculations répétées et contreproductives poursuivent toutes, apparemment, les objectifs de protection de la population, dont la nécessité se fait sentir ici à coup de moyens militaires. Une guerre qui viendrait s’ajouter à la guerre. Une ” réaction proportionnée “, comme le demande Laurent Fabius dans son allocution appelant à la paix en Syrie. Cet amalgame meurtrier de la guerre et de la paix risque une nouvelle fois d’ajouter des morts aux morts, comme on s’en rend compte dès qu’il s’agit de faire les bilans des interventions militaires internationales… et, comme on a toujours tendance à l’oublier, dès qu’il s’agit d’en annoncer une nouvelle. Des musculations qui ont toutes pour effets pervers de faire reculer l’idée de justice internationale et de rendre caduc l’édification d’un ordre international basé sur les principes de la Charte des Nations-Unies[2].
Depuis quelques heures en effet, les faiseurs d’opinion rappellent tous l’obligation qui nous incombe de faire respecter les grands principes humanistes, avec des moyens qui les nient et en passant totalement sous silence les obstacles que chacun met, au quotidien, pour la construction d’un dialogue national de cessez-le-feu et de réconciliation. Peu de cas a ainsi été fait de l’échec de la conférence de Genève et de la non-tenue de la conférence Genève II, pourtant voies concrètes vers la fin des violences. On a également trop constaté le peu de volonté politique pour l’envoi d’une mission de l’ONU sur place, d’une mission internationale de pourparlers, etc. Pourtant, si la recherche d’un compromis – et donc d’une base légale – au Conseil de sécurité sur une éventuelle intervention militaire semble chimérique, la possibilité d’une Résolution portant les bases d’un cessez-le-feu et d’un dialogue inclusif est possible, désirable et réalisable ; si tant est que les acteurs internationaux se lancent dans l’entreprise avec autant de sincérité que leurs discours le laissent penser.
L’urgence se fait attendre depuis plus de deux ans
Pendant tout ce temps, les atrocités se répètent et s’intensifient, jusqu’à atteindre la semaine dernière, un nouveau palier dans l’abomination. Une nouvelle urgence se fait jour pour l’implication de la ” communauté internationale “. Une urgence qui commande une action concertée et résolue du Conseil de sécurité des Nations-Unies. Une urgence qui se fait attendre depuis plus de deux ans maintenant. Deux ans pendant lesquels les conditions pour la cessation des violences se sont faites plus difficiles. Ce cycle de violences autoreproducteur est malheureusement aussi rendu possible par le fossé constaté au quotidien entre la volonté discursive d’une paix en Syrie et la pauvreté des moyens mis pour y arriver. Que du contraire, la ” communauté internationale ” ne s’est, pour le moment, distinguée que par l’internationalisation de la dynamique d’opposition.
L’histoire se répète et avec elle les contradictions entre les discours guerriers et les objectifs de paix et de stabilité qu’ils sont censés poursuivre. Et il n’en va pas autrement pour les rappels, pourtant logiques et légitimes, du mouvement de la paix. La CNAPD ne demande pourtant pas que tous les dirigeants du monde se tiennent la main et fassent obstacle de leurs corps pour séparer les belligérants. Elle demande que les actes fassent droit aux discours : si l’on poursuit réellement et sincèrement des objectifs de paix, de sécurité et de justice internationales, il est grand temps de surmonter les divergences et de construire les instruments favorables à leur édification.
Carlos Crespo et Nicolas Vandenhemel
Co-présidents de la CNAPD
La Coordination Nationale d’Action pour la Paix et la Démocratie (CNAPD) est une coordination pluraliste d’organisations de jeunesse et de mouvements d’éducation permanente progressistes. Elle a pour objectif de sensibiliser l’opinion publique, de la mobiliser contre la guerre, les raisons de conflits, pour la solidarité internationale et la démocratie, contre les exclusions et les inégalités.
[1] Information révélée par l’agence officielle Petra et relayée par le quotidien ” Libération ” le lundi 26 aout.
[2] Cette contradiction constante trouve d’ailleurs sa concrétisation la plus forte quand on voit le fossé énorme entre les dépenses militaires mondiales (1756 milliards de dollars en 2012) et le budget de l’ONU (5,15 milliards de dollars pour les années 2012-2013) !