Le 24 septembre, le tribunal de Dendermonde a annoncé le verdict dans l’affaire contre les 11 militants du Field Liberation Movement, jugés pour leur participation à la journée d’action à Wetteren, le 29 mai 2011 : ils y avaient été arrêtés parmi plusieurs centaines de participants à un arrachage de pommes de terre transgéniques, alors remplacées par des pommes de terre biologiques. La condamnation pour association de malfaiteurs est maintenue.
Les peines de prison sont maintenues mais elles sont très allégées (de 3 à 6 mois de prison avec sursis). On ne peut qu’être choqué de l’inadéquation entre une accusation si sérieuse et les peines somme toute symboliques de prison avec sursis. Il semblerait que le tribunal, contre tout bon sens juridique, veuille imposer l’association de malfaiteurs et créer un précédent : « nous sommes contents de voir que nous avons été entendus et les peines diminuées, mais nous ne pouvons pas accepter que la condamnation soit maintenue, notamment pour ce qu’elle pourrait augurer pour la répression de l’activisme citoyen à l’avenir. Jamais des écologistes en Belgique n’avaient été désignés comme faisant partie d’une association de malfaiteurs », écrivent-ils dans leur communiqué de presse le jour du verdict.
Bart Staes, membre du parlement européen pour les Verts et un des comparants volontaires pour ce procès réagit : « C’est un précédent très dangereux, très mauvais pour la démocratie. Condamner ce groupe de personnes pour bande de malfaiteurs constitue un risque dans le futur pour d’autres actions. Les mouvements sociaux et environnementaux seront en danger, ainsi que l’action syndicale ».En outre, le tribunal n’a accordé aucune attention aux comparants volontaires qui tenaient à être jugées avec les militants.
Cette action visait à rendre visible un important choix de société qui est d’aller vers une agriculture saine et durable, aux mains des agriculteurs et privilégiant la santé des consommateurs. L’option soutenue par l’industrie de la biotechnologie est au contraire la culture de plantes ultra-technologiques gorgées de produits chimiques phytosanitaires et dont tous les droits sont confiés à une poignée de multinationales. En outre, indépendamment de l’action, le permis pour l’expérimentation de ce champ de patates a déjà été annulé par un tribunal. Un champ illégal, donc. La liberté d’expression est bâillonnée.
« En criminalisant l’action des militants, le tribunal passe à côté du vrai problème : l’introduction des OGM dans l’agriculture. Le but principal des OGM, c’est de privatiser les semences, ce qui privera à terme les populations de leur souveraineté alimentaire », a déclaré François de Saint-Georges, l’un des accusés. Les OGM sont rejetés par une grande partie de la population mondiale, ils entraînent des risques importants pour l’environnement, et la santé. C’est inadmissible quand on pense que d’autres solutions existent et sont déjà efficientes.
Les onze militants et leurs avocats n’abandonnent pas et réfléchissent à la prochaine étape . «Nous lancerons certainement un recours contre cette condamnation totalement absurde », a déclaré l’avocate Mieke van den Broek. D’autres juristes ont déjà réagi au sujet du procès et démontré les incongruités de cette affaire.
Pendant ce temps, le gouvernement flamand à continué à faire la promotion des OGM. Malgré une opposition importante, une nouvelle expérience sur le terrain avec du maïs GM (2012-2014) est déjà lancée, et une expérimentation de sept ans avec des peupliers génétiquement modifiés est en cours d’acceptation. Le gouvernement peut encore décider de ne pas accorder le permis. Le VIB reçoit une aide annuelle de 40 millions de la part du gouvernement flamand, ce qui constitue environ la moitié de son chiffre d’affaires. Une partie de cet argent public va à la promotion des cultures génétiquement modifiées.
Loin de se décourager, le FLM annonce que tant qu’une véritable évaluation des risques liés à la culture d’OGM n’aura pas été sérieusement prise en compte, ils continueront à mobiliser sur la question, toujours à travers des actions nonviolentes « dans l’esprit de Gandhi », comme le dit Vandana Shiva dans ce message de soutien qu’elle leur adresse en vidéo.
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