15 mai, Journée internationale de l’objection de conscience :

Il importe encore plus de protéger ce droit humain en temps de guerre

Hélas, cette date trouve l’Europe encore en temps de guerre, plus d’un an après l’agression de la Russie contre l’Ukraine. Chaque jour, il y a davantage de morts, des familles souffrent, des ressources sont gaspillées à des fins militaires plutôt que sociales, les dommages écologiques s’étendent et la menace nucléaire croît.

En même temps, heureusement, s’élèvent de plus en plus de voix inspirantes venues de la société civile du monde entier, pour appeler à la paix immédiate ; ainsi, récemment, le Brussels Activist Peace Forum, accueilli par les députés européens Clare Daly et Mick Wallace, a réuni le 13 mai 2023 des participants de 11 pays, dont des membres du BEOC ; et en 2022 l’ObjectWarCampaign internationale a été lancée en commun par le BEOC, le Mouvement international de la Réconciliation (IFoR), l’Internationale des Résistants à la Guerre (WRI) et Connection e.V.

Aujourd’hui, Alexia Tsouni, présidente du BEOC, a déclaré : « L’objection de conscience est une contribution tangible à la paix ; la protection de ce droit humain importe donc encore plus en temps de guerre. Pourtantce n’est pas le cas au cours du conflit qui se poursuit : non seulement la Russie et l’Ukraine le violent ouvertement, mais l’Union européenne ferme les yeux, comme le montre notre Rapport annuel, qui vient de paraître le 12 mai. Nous pressons l’Union européenne d’œuvrer à la paix, d’investir dans la diplomatie et les négociations, d’appeler à la protection des droits humains et d’octroyer asile et visas à toutes les personnes qui objectent à la guerre. » 

Sam Biesemans, vice-président : « Le droit à l’objection de conscience au service militaire est inhérent au droit à la liberté de pensée, conscience et religion, garanti par l’article 18 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, auquel, selon l’article 4, §2, on ne peut déroger même en temps de danger public exceptionnel ».

Merve Arkun, vice-présidente : « Le BEOC condamne fortement l’invasion russe de l’Ukraine, et appelle tous les soldats à ne pas participer aux hostilités et tous les conscrits à refuser le service militaire. Le BEOC dénonce tous les cas de recrutement forcé, voire violent dans les armées des deux camps, ainsi que tous les cas de persécution d’objecteurs de conscience, déserteurs et opposant/e/s non violent/e/s à la guerre ».

Le BEOC appelle la Russie à libérer immédiatement et inconditionnellement tous les soldats et civils mobilisés qui, par centaines, objectent à participer à la guerre et se trouvent détenus illégalement dans divers centres des régions ukrainiennes occupées par la Russie. Selon divers rapports, les autorités russes usent de menaces, de manipulations psychologiques et de tortures pour forcer les détenus à remonter au front.

Le BEOC appelle l’Ukraine à lever immédiatement la suspension du droit humain à l’objection de conscience, à libérer l’objecteur de conscience pacifiste chrétien Vitaly Alekseenko (détenu à la colonie correctionnelle de Kolomyiska, n° 41) et à accorder démission honorable à l’objecteur de conscience pacifiste chrétien Andrii Vychnevetsky (retenu dans une unité du front des Forces armées ukrainiennes), ainsi qu’à acquitter tous les objecteurs de conscience, dont les pacifistes chrétiens Mykhailo Yavorsky et Hennadii Tomniouk. En outre, le BEOC appelle l’Ukraine à abandonner l’interdiction faite à tous les hommes de 18 à 60 ans de quitter le pays, et les autres pratiques qui sont destinées à rendre la conscription effective et contreviennent aux obligations du pays en termes de droits humains, telles que la détention arbitraire de conscrits et l’imposition de l’enrôlement militaire comme préalable légal à toute démarche civile en matière d’éducation, d’emploi, de mariage, de sécurité sociale, d’enregistrement du domicile, etc.

Tant la Russie que l’Ukraine doivent préserver le droit à l’objection de conscience au service militaire, même en temps de guerre, afin de se conformer aux standards européens et internationaux, notamment ceux qu’a établis la Cour européenne des droits humains. 

Consultez le aapport sur l’objection de conscience au service militaire en Europe 2022/23