La princesse Elisabeth va entrer à l’Ecole royale millitaire…

 

La princesse Elisabeth va entrer à l’Ecole royale millitaire. Quelles réflexions nous inspire cet «événement » ?

D’abord le constat du statut Royal.

Le Roi est la seule personne en Belgique qui, du fait de sa naissance – et uniquement du fait de sa naissance – dispose d’une seule alternative dans son existence légale. La première branche de cette alternative est : accepter son statut et renoncer à des droits fondamentaux de citoyen prévus par la constitution belge et par les conventions internationales, la plus significative étant la Convention européenne des droits de l’homme. Dans ce cas en effet, il ne jouit ni de la liberté d’expression, ni de la liberté de réunion, ni de la liberté d’association. Il n’a même pas la possibilité d’adopter un enfant qui aurait les mêmes droits qu’un enfant né par les voies biologiques, puisque cet enfant ne pourrait en aucun cas lui succéder. La contrepartie est que sa personne est inviolable et que tout ce qu’il fait ou ne fait pas tombe sous la responsabilité d’un ministre, le plus souvent du premier ministre. Il est à la lettre irresponsable.

La deuxième branche de l’alternative est : démissionner ou plus précisément : abdiquer.

Il y a une exception notable à cette alternative : le désaccord du roi Baudouin lors de l’affaire de la loi sur l’avortement. Pour maintenir le Roi sur le trône, il avait alors été fait appel à un tour de passe-passe : le Roi Baudouin, pourtant sain de corps et d’esprit était officiellement censé être dans l’impossibilité de régner lorsqu’il a refusé de signer la loi.

Alors, que signifie l’entrée d’Elisabeth à l’Ecole royale militaire ?

Le Roi est chef de l’armée.

Il y a deux exemples historiques intéressants de ce rôle : Albert 1er pendant la guerre 14-18 et Léopold III pendant la guerre 40-45.

Albert 1er est resté en fonction, et est resté en symbiose avec le gouvernement belge ; il est sorti avec prestige de l’épreuve. L’histoire a cependant révélé après la guerre les efforts – infructueux – qu’il a produits en négociant en secret avec l’Allemagne.

Léopold III a voulu exercer personnellement son rôle de chef de l’armée, mais il s’est heurté au désaccord du gouvernement et n’a pu rester en fonction après la guerre.

Ces deux situations illustrent clairement que la fonction de chef de l’armée n’est pas différente du rôle du Roi dans les autres matières : il n’est pas responsable et s’il veut imposer publiquement son autorité personnelle, il perd sa fonction.

Donc, quand Elisabeth entre à ERM, c’est pour exercer une fonction purement honorifique, sans aucun enjeu.

On doit trouver affligeant qu’une personne quelle qu’elle soit accepte d’être privée de droits accordés aux autres citoyens, uniquement du fait de sa naissance.

Comme on serait heureux d’entendre Elisabeth opter résolument pour la vie en proclamant son opposition aux armes nucléaires. Ce faisant, si elle n’était pas approuvée par le Roi et donc par le gouvernement, elle pourrait bien cesser d’être l’héritière du Trône.

A moins qu’on ne trouve un artifice juridique analogue à celui trouvé pour le Roi Baudouin.

Mais on peut toujours espérer…

Comme on aurait pu espérer que les parlementaires objecteurs de conscience aient été fidèles à leur démarche en refusant de voter les crédit militaires lorsque leur parti était au pouvoir.

 

Jean-Louis Vander Heyden