Ce samedi 3 avril 2010, mille Bomspotters ont fait face au mauvais temps en vue de montrer au gouvernement leur souhait de voir une Belgique dénucléarisée. Ils répondaient à un appel de Vredesactie et ne se sentaient nullement intimidés par le nombre impressionnant de militaires, de policiers, de kilomètres de fil barbelé, des hélicoptères et des chiens présents en vue pour protéger les bombes nucléaires illégales.
Des centaines d’activistes de Bomspotting ont ainsi réussi à pénétrer sur la base militaire de Kleine Brogel et ,de cette façon, ont essayé de faire respecter le droit international.
Les armes nucléaires ne peuvent être utilisées sans violer le droit international. Le stockage d’armes nucléaires et l’entrainement des pilotes belges pour l’utilisation de ces armes sont une préparation à des crimes de guerre. Des centaines de bomspotters ont été arrêtés, dont deux journalistes. L’action de Vredesactie a été largement soutenue. Greenpeace a fait appel à ses membres pour qu’ils y participent. 150 personnes ont participé à une veillée de silence de Pax Christi et ACW – Limburg au bout de la fin du piste de décollage des avions F-16. Ils ont lu des poèmes et gardé le silence pendant une demi heure en respect pour les victimes passées et futures des armes nucléaires.
De l’autre côté de la piste d’atterrissage, à l’entrée de la caserne américaine, un spectacle musical a pris place. Deux cent personnes descendues de toute la Belgique, se sont joints à l’ouverture du nouveau Parc Naturel “Kleine Brogel”. Le bourgmestre adjoint de Kleine Brogel a rappelé le danger des armes nucléaires et a défendu la décision de la fin du du domaine militaire. Sa femme a ensuite couper le ruban d’ouverture et une fête populaire a pris place à l’entrée du parc sous les rythme d’une fanfare liégeoise.
Un mois avant la Conférence de révision du Traité de non-prolifération (TNP), Vredesactie organise une action Bomspotting contre les armes nucléaires sur la base militaire de Kleine Brogel. Cette action fait partie de la journée européenne d’action contre les armes nucléaires, durant laquelle des actions de protestation prennent place sur toutes les bases militaires européennes sur lesquelles sont entreposées des armes nucléaires.
L’année 2010 nous offre des opportunités uniques pour le désarmement nucléaire. A partir du 3 mai 2010, les 187 pays signataires du Traité de non-prolifération, conçu afin d’arrêter la prolifération d’armes nucléaires, se réuniront à New York. De plus, l’OTAN révisera son Concept stratégique au mois de novembre et l’Alliance pourrait opter pour une défense sans armes nucléaires.
Dans toute l’Europe la volonté politique pour se débarrasser des armes nucléaires s’intensifie. D’éminents politiciens belges plaident pour une Europe sans armes nucléaire, mais jusqu’à présent notre gouvernement n’ose pas se positionner clairement. Les Bomspotters souhaitent que le gouvernement belge prenne ses responsabilités : les armes nucléaires doivent quitter la Belgique, et en tant que membre de l’Alliance, la Belgique se doit de plaider pour l’annulation inconditionnelle de la stratégie nucléaire otanienne.
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Gouvernement, prenez vos responsabilités : désarmez
En avril 2009, le président Obama avait remis le désarmement nucléaire à l’agenda politique international, mais jusqu’à présent les résultats sont pauvres. Un successeur pour le traité START a finalement été conçu, malgré cela aucun pas significatif vers le désarmement nucléaire n’a été fait. Malgré ces discours pour un monde sans armes nucléaires, les états nucléarisés ne s’engagent pas à les concrétiser et continuent de moderniser leur arsenal nucléaire. En mai 2010, la Conférence de révision du Traité de non-prolifération commencera. Tous les pays signataires passeront un accord concernant son application future. En 2010, l’OTAN révisera son Concept stratégique. En novembre, une nouvelle version de ce Concept stratégique sera approuvée et ce faisant la stratégie nucléaire de l’OTAN sera déterminée pour la décennie à venir. La Belgique peut incontestablement jouer un rôle pour faire avancer le désarmement nucléaire. Les Bomspotteurs attendent du gouvernement belge qu’il prenne ses responsabilités : les armes nucléaires doivent quitter la Belgique, et en tant que membre de l’Alliance, la Belgique se doit de plaider pour l’annulation inconditionnelle de la stratégie nucléaire otanienne.
La Belgique est l’un des cinq pays à avoir mis les armes nucléaires à l’agenda de la prochaine réunion informelle de l’OTAN où seront présents les ministres des affaires étrangères, le 22-23 avril. Mais personne ne peut dire ce qu’implique concrètement cette initiative. Nous demandons donc que le gouvernement belge prenne une position claire pour retirer les armes nucléaires du territoire.
Des dizaines d’actions non-violentes
“Nous ne faisons pas partie des négociations. Nous ne pouvons pas établir de nouveaux traités, mais nous pouvons empêcher que les accords illégaux sur les armes nucléaires soient perpétués en cachette, loin de toute transparence. Pour cela, Vredesactie organise sans interruption depuis décembre 2009 des actions
non-violentes sur la base militaire de Kleine Brogel”, dit Inez Louwagie de Vredesactie.
Des centaines de citoyens et d’organisations ont répondu à l’appel. Des dizaines d’actions ont pris place depuis lors. En décembre, Saint Nicolas franchissait la clôture à Kleine Brogel. En janvier, le groupe des entraîneurs aux actions non-violentes a réussi à attiré l’attention de la presse internationale. Après avoir franchi l’enceinte interne, ils sont arrivés tout près des hangars d’avions dans lesquels les bombes nucléaires sont stockées. Le lendemain de l’appel de nos quatre anciens ministres pour le désarmement nucléaire et la réponse peu ambitieuse de notre premier ministre, quarante Bomspotters inspectaient à nouveau la base de Kleine Brogel. Des chœurs ont chanté des chansons guerrières, des ingénieurs ont creusé un tunnel vers les armes nucléaires, …
Le 3 avril était le point culminant de cette série qui continuera jusqu’au début de la conférence de révision du TNP en mai 2010.
Journée d’action européenne
L’action du 3 avril fait aussi partie de la Journée Européenne Contre les Armes Nucléaires. Partout en Europe où des armes nucléaires sont installées, des actions non-violentes sont organisées. En Grande-Bretagne, Trident Ploughshares organise un blocus à la base de Faslane, ou les sous-marins britanniques à capacités nucléaires sont stationnés. En France, des actions non-violentes sont organisées à la base de Mont-Marsan (un dépôt d’armes nucléaires), à Brest au quartier général FOST (Force Océanique Stratégique, les sous-marins nucléaires français) et le 2 avril au ministère de la défense à Paris. Treize personnes accédaient à la base. En Allemagne, le 4 avril une protestation aura lieu à la base de Büchel alors que le retrait des armes nucléaires de l’OTAN est une des exigences centrales des marches de Pâques qui auront lieu partout en Allemagne. En Hollande, Ontwapen organise un action de nettoyage sur et aux alentours de la base de Volkel. A midi une dizaine des activistes entraient à la base. En Turquie des actions ont lieu à Ankara et Istanbul. Et finalement le 21 mars, une manifestation a été organisée à la base d’Aviano, en Italie.
La campagne Bomspotting
Comme les années précédentes, l’action Bomspotting est précédée par une réponse menaçante de la part du gouvernement, la mise en place de kilomètres de fil barbelé et le déploiement de plus de mille soldats et forces de l’ordre. Pourtant, l’action Bomspotting n’est rien d’autre qu’une tentative non-violente de faire appliquer le droit international.
Les armes nucléaires ne peuvent être utilisées sans violer le droit international humanitaire. L’entraînement de pilotes belges à l’emploi d’armes nucléaires et leur déploiement revient à la préparation de crimes de guerre. La décision de la Cour Internationale du 8 juillet 1996 concernant les armes nucléaires à été et est donc notre motivation pour lancer une campagne afin de pousser notre gouvernement à respecter le droit humanitaire international et à mettre fin au déploiement des armes nucléaires. Depuis 1997, de nombreuses personnes ont participé aux inspections civiles non-violentes par analogie avec les inspecteurs d’armes des Nations Unies, durant lesquelles ils ont tentés de mettre fin au déploiement d’armes de destruction massives illégales.
La justice belge n’a jamais osé entamer la discussion au tribunal. La seule réaction du gouvernement à été de convertir la base en citadelle fortifiée pour protéger sa politique illégale de ses citoyens. Toutefois, la campagne Bomspotting n’a pas été sans conséquences politiques. En effet, les actions ont pu aboutir sur la mise à l’agenda politique des armes nucléaires et à ce qu’un nombre de politiciens toujours croissant se prononce contre l’établissement supplémentaire d’armes nucléaires. Cette année-ci, Jean-Luc Dehaene, Willy Claes, Guy Verhofstadt et Louis Michel évoquaient le même point de vue dans une carte blanche du Soir, tout comme des dizaines de parlementaires européens de tous les groupes politiques dans une lettre adressée au président Obama. Cette conscience politique croissante sera-t-elle finalement convertie en actions ?
Le ministère de la défense se dit lassé des actions Bomspotting. Vredesactie terminera la campagne Bomspotting avec plaisir, une fois que le gouvernement belge se conformera au droit humanitaire international et fera disparaître les armes nucléaires de Kleine Brogel.
Des actualisations et des photos seront mises à disposition ici
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