Missak a été fusillé le 21 février 1944 au Mont Valérien près de Paris avec 22 autres résistants.
Les cérémonies de l’entrée au Panthéon ont été doublement ambiguës.
D’une part elles ont été orchestrées et présentées par le président de la République Macron, peu après l’adoption grâce aux voix du du Rassemblement National d’une loi restreignant sérieusement les droits des immigrés. Cette adoption s’est faite dans le cadre de mesures qui ont été prises par beaucoup de pays de l’Union européenne et qui ont déjà provoqué des souffrances intolérables pour les demandeurs d’asile et les réfugiés et même des milliers de morts parmi ceux-ci.
Or, Missak Manouchian et ses amis étaient pour la plupart des résidents étrangers, dont beaucoup de Juifs, auxquels on avait refusé la nationalité française.
L’autre ambiguïté est que le courage indéniable et très respectable de ces résistants et résistantes a été retenu parce qu’ils ont été fusillés notamment pour avoir tué des soldats allemands, dont des officiers. Or, comme l’avait fait remarquer Albert Camus, qui était aussi résistant, et qui n’était pas non violent, ce type d’actions avait des conséquences dramatiques car les soldats allemands fusillaient des dizaines d’otages en représailles. On peut donc s’interroger sur leur efficacité.
Il est par ailleurs intéressant de souligner que le fils d’Albert Camus a refusé que celui-ci entre au Panthéon car il avait des opinions libertaires proches de l’anarchisme. Ce n’est pas inintéressant compte tenu de ce qui suit.
Une autre réflexion a trait au mécanisme de répression qui a abouti à la mort de Missak et de ses amis. C’est la police française qui a filé, piégé et arrêté les résistants. C’est elle qui les a interrogés et a établi les PV. C’est elle aussi qui les a livrés aux Nazis. Il faut savoir que les policiers ouvertement antinazis ont été écartés de leurs fonctions par le gouvernement du maréchal Pétain, aussitôt après l’armistice. Mais les policiers collaborateurs sont restés en fonction après la guerre.
De tout cela on peut conclure que c’est l’obéissance des citoyens et en particulier des policiers au régime pronazi de Vichy qui a conduit à la mort des résistants.
À Agir pour la paix, nous pensons que la démarche fondamentale est la résistance.
Nous sommes les héritiers de grands militants du Mouvement International de la Réconciliation qui ont sauvé la vie de milliers de Juifs pendant la guerre 40-45 Nous sommes persuadés de l’efficacité des méthodes non violentes.
Nous ne demandons pas que les résistants non violents entrent au Panthéon, mais nous voulons que leurs actes servent aussi d’exemples pour tous ceux qui refusent l’obéissance aveugle à l’autorité.
De même, il aurait fallu que les discours valorisent la vertu de la désobéissance de Missak Manouchian et de ses amis.
Si des opposants aux mesures anti-immigrés adoptées dans toute l’Europe sont victimes de répression, seront ils célébrés comme des héros dans cinquante ans pour avoir protesté contre des actes littéralement meurtriers commis par des policiers européens aux frontières de notre continent ?