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Oui à la non-violence !

Que peut dire et faire aujourd’hui Agir pour la paix dans un monde où la loi du plus fort s’impose souvent au détriment du droit et de la protection du plus faible ?

Il est utile de rappeler que notre mouvement est un héritier des grands courants (Mouvement international de la Réconciliation, Internationale des Résistants à la Guerre) qui ont pris leur essor en réaction aux terribles tueries de 1914-18. Ceux-ci sont aussi les héritiers des innombrables courants non violents qui se sont manifestés dans le monde depuis l’origine de l’espèce humaine. Notre bibliothèque est pleine de ces histoires vécues qui reflètent le vrai visage de l’humanité.

Aujourd’hui, nous avons plus que jamais à parler, ou – mieux – à crier.

Après la deuxième catastrophe mondiale de 1939-45 les peuples ont voulu prévenir le risque des guerres. Des humanistes ont rédigé la Déclaration universelle des droits humains pour tous les citoyens du monde et ce document qui a été adopté par la quasi-totalité des États est un programme plus pertinent que jamais, même s’il n’a aucune valeur contraignante. En Europe, la plupart des nations ont adopté la Convention européenne des droits humains, qui, elle, est un instrument juridique réel. Celle-ci a la particularité d’interdire légalement la torture, les traitements inhumains et dégradants et les camps de concentration (la réduction en esclavage) en toutes circonstances, et même lorsque la vie de la nation est menacée. En ce sens elle intervient dans les conflits et les guerres à l’appui des conventions de Genève.

Or, que constatons-nous ?

Depuis la fin de la guerre froide au début des années 1990 et les immenses espoirs que cet événement avait suscités, l’OTAN n’ayant plus l’ennemi contre lequel elle avait été constituée a dû s’imaginer de nouvelles missions. Elle a engagé des guerres, sans trop se préoccuper de l’ONU et des conventions internationales : en Bosnie, en Serbie/Kossovo, en Afghanistan, en Libye…

Elle a aussi avancé ses pions en Europe de l’Est.

Et puis, la Russie a commis le crime majeur d’agresser l’Ukraine, sous le prétexte de protéger des populations menacées. Nous ne défendons pas certaines tendances présentes en Ukraine, qui mettent en avant des personnages du passé collaborateurs des nazis. Ces tendances étaient visibles lors de la révolution de Maïdan en 2014, et des actions meurtrières n’ont pas été poursuivies en justice par les autorités ukrainiennes. Mais l’Ukraine ne se résume pas à ces pratiques inadmissibles et maltraiter sauvagement tout un peuple comme le fait la Russie est inexcusable. Bien entendu, la guerre menée par les Russes s’accompagne d’atrocités comme toutes les autres. Et les belligérants rejettent les constatations faites par Amnesty International et d’autres défenseurs des droits humains. Propagande de guerre oblige.

Et dans le monde il y a d’autres guerres, comme les massacres à l’Est du Congo, la maltraitance des Ouïghours de Chine, les guerres du Soudan et d’Éthiopie et l’écrasement du peuple palestinien …

Nous sommes là pour rappeler notre engagement irréversible envers la primauté de la dignité humaine et pour promouvoir la non-violence.

Nous sommes effarés de constater qu’à nouveau les objectifs stratégiques font fi des efforts accomplis par les personnes courageuses qui ont voulu mettre des barrières pour protéger les droits humains. Notre Europe s’est constituée en forteresse avec l’aide de Frontex en piétinant le droit d’asile : elle paie des pays qui méprisent les droits humains pour qu’ils gardent les personnes qui voudraient demander notre protection.

Avec d’autres autorités européennes le Premier ministre belge a demandé à la Cour européenne des droits humains de s’arranger avec l’article 3 de la Convention européenne pour ne pas embarrasser les États qui veulent limiter l’immigration. C’est le monde à l’envers : si le respect des droits humains gène la politique, il faut édulcorer ceux-ci et rendre les outils internationaux inefficaces.

La Belgique si fière d’avoir œuvré à la convention contre les mines antipersonnel ne réagit pas quand des pays signataires renoncent à ce texte en raison de la guerre d’Ukraine.

Ceci nous ramène directement à notre combat : il n’y a pas de guerre propre. La seule morale de la guerre est l’efficacité et la guerre ne peut être qualifiée de morale par les belligérants que si elle est gagnée. Tous les moyens sont donc bons.

Le guerre est un crime contre l’humanité et nous sommes résolus à lutter contre toutes les formes de guerre et à combattre toutes les causes de guerre.

Nous demandons que les citoyen/ne/s, ainsi que les autorités politiques prennent en compte toutes les possibilités de défense non violente. Ces moyens sont largement sous-estimés, et au lieu de proposer seulement des programmes scolaires consacrés « aux métiers de la sécurité et de la défense », il faudrait en mettre où l’on développe en priorité les moyens de résistance non violents.

Les plus grandes catastrophes de l’humanité, y compris celles qui sont en cours résultent de l’obéissance aveugle des populations à des autorités sans scrupule. Il est indispensable d’enseigner la résistance. Un exemple : lorsque les autorités nazies ont demandé en 1941-42 aux autorités belges d’enregistrer les juifs, elles ont obéi. D’autres citoyens notamment en Norvège, au Danemark, et France et aussi en Belgique ont été efficaces et ont sauvé beaucoup de personnes. Il faut développer cette efficacité en préparant la résistance.

Nous n’avons jamais véritablement quitté le cynisme en politique, mais aujourd’hui, on l’étale sans retenue.

C’est Gandhi ou Machiavel, la recherche du bien commun ou la conquête du pouvoir et c’est cette dernière qui triomphe trop souvent.

Nous n’avons pas la clé de tous les problèmes, mais nous savons que la guerre n’est jamais une solution.

Agissons donc pour la paix

Jean Louis Vander Heyden, militant d’Agir pour la paix