Un débat est actuellement en cours aux États-Unis concernant le plan excessivement cher de modernisation des bombes nucléaires B61, faisant à nouveau apparaître les actions Bomspotting dans la presse spécialisée, actions durant lesquelles les Bomspotters ont localisé précisément les entrepôts où sont stockées les armes nucléaires de type B61.
Les Bomspotters font encore parler d’eux
En 2010, des Bomspotters ont inspecté un grand nombre de hangars d’avions situés sur la base militaire de Kleine Brogel en Belgique. C’est lors de ces différentes actions qu’ils ont réussi à localiser exactement les entrepôts spécifiques dans lesquels sont stockées les bombes nucléaires américaines. Actuellement, un débat est lancé aux États-Unis sur le plan excessivement cher de la modernisation des bombes nucléaires B61, faisant à nouveau apparaître les actions Bomspotting dans la presse spécialisée.
Les États-Unis ont en effet l’intention de moderniser leurs bombes nucléaires tactiques B61, dont le nombre est estimé à 200 en Europe. Le coût du projet de modernisation fut estimé au départ à environ 4 milliards de dollars (estimation par la National Nuclear Security Administration, 2011), ensuite à environ 6 milliards (un an plus tard) pour atteindre finalement 10 milliards de dollars (évaluation des coûts et l’évaluation des programmes du Pentagone, Juillet 2012). (En savoir plus: Mise à niveau des armes nucléaires tactiques américaines en Europe coûte aujourd’hui 10 milliards de dollars )
Les bombes B61 valent leur pesant d’or
Jeffrey Lewis, analyste chez le célèbre James Martin Center for Nonproliferation Studies, a calculé qu’il serait moins coûteux que toutes les armes nucléaires B61 soient remplacées par les derniers modèles en lieu et place du programme de modernisation.
Par conséquent, il a proposé une alternative: « Si l’Amérique veut montrer son engagement envers ses alliés européens, laissez-nous remplacer les anciens modèles B61 par les plus récents dans les bases aériennes choisies. »
Les experts et les éditeurs de journaux se sont mêlés ces derniers temps à la discussion (y compris le Washington Post) et se demandent si de tels coûts sont réellement justifiés et s’il n’est pas préférable que les Etats-Unis abandonnent purement et simplement le programme de modernisation.
Les bombes nucléaires B61 n’ont d’une part aucune utilité militaire et d’autre part, il n’y a guère de consensus au sein de l’OTAN quant à leur maintien en Europe. En outre, la sécurité des armes nucléaires sur le sol européen est un argument souvent remis à jour car celle-ci laisse à désirer.
L’action Bomspotting dans la politique étrangère
Jeffrey Lewis énonce également cet argument dans son article A Steal at $10 Billion in Foreign Policy – l’un des magazines les plus lus en ligne sur la politique étrangère des États-Unis – et il se réfère largement aux actions menées par les Bomspotters belges.
« Les pays qui ont des armes nucléaires américaines sur leur territoire négligent leur sécurité. Un officier supérieur américain a d’ailleurs expliqué à un groupe d’experts que sa plus grande crainte était qu’un groupe de militants de la paix entre avec une caméra à l’intérieur d’un dépôt contenant les armes nucléaires. C’est exactement ce qui s’est passé. En 2010, quelques militants pacifistes belges ont réalisé une telle action avec des images à l’appui. Permettez-moi de le répéter: ils ont touché l’un des refuges où les armes nucléaires américaines sont stationnées. »
Il a ensuite évoqué la photo ci dessous:
« Je m’attendais à ce qu’il y ait plus de remous politiques que les quelques rapports épars de la presse. Je pensais que la réaction aurait été rapide et immédiate menant au retrait immédiat des armes nucléaires américaines. Je ne comprends pas pourquoi il n’y a pas eu plus d’indignation du public, mais je pense que personne ne pouvait imaginer que la sécurité était vraiment si mauvaise. J’en ai parlé avec certains responsables américains, qui ne pouvaient pas croire que les militants étaient entrés dans un hangar d’avion où les armes nucléaires étaient stockées. Pour les convaincre, j’ai dû leur montrer cette image, avec l’endroit où se trouvent les armes ainsi que le système de sécurité de la console. »
Le désarmement, le seul investissement judicieux Lewis fait remarquer que ce n’est pas le premier incident impliquant la sécurité des armes nucléaires de l’OTAN. De plus, le retrait des armes nucléaires américaines qui étaient stationnées en Grèce a été marqué d’incidents de sécurité avancé. Un groupe de travail a d’ailleurs conclu en 2009 que la plupart des bases nucléaires en Europe n’ont pas répondu aux critères de sécurité du Pentagone.
« Êtes-vous surpris qu’« une bande d’euro-hippies » de l’association Action pour la Paix entre dans un hangar d’avion à Kleine Brogel? (En fait, c’était la deuxième fois en moins d’un an que les hangars d’avions furent inspectés par des militants. Les premiers furent ceux du mauvais côté de la base, un génie du ministère de la Défense belge a mentionné que les armes nucléaires étaient stationnées dans l’autre série d’abris.) Le laxisme de la sécurité belge était scandaleux. Une des failles dans la sécurité fût que les Belges n’avaient pas de chiens qualifiés. Lors d’une visite au siège de l’OTAN, il a été dit que les pays de l’OTAN auraient à investir plus de 100 millions $ pour répondre aux critères des besoins américains de sécurité. Je ne sais pas si beaucoup de maîtres-chiens ont été payés. »
Pour le moment, on sait qu’aussi bien les États-Unis, l’OTAN que notre propre pays vont investir massivement dans la sécurité dans les prochaines années. Il s’agit d’une grosse erreur, car le seul investissement judicieux est celui du désarmement nucléaire.