Durant la COP21 plusieurs centaines de personnes ont participé aux Climate Games. Par le jeu et l’action directe non-violente ces personnes ont exprimé leur scepticisme quant à l’amélioration de la situation climatique sans un changement profond du système économique et politique mondial. Pendant 14 jours, malgré l’état d’urgence déclaré en France quelques jours avant, 214 actions par 124 équipes ont pris place du Portugal à Paris, de New York à Melbourne, de la Bretagne à la Suisse… Les Climate Games ont montré que la désobéissance est source de créativité dans les mouvements pour la Justice Climatique. Voici le dernier message de l’équipe des Climate Games avec de nombreuses photos, articles, vidéos,..
Après un an de travail de la part d’artistes, activistes, codeurs, développeurs, gamers, designers, scribes, traducteurs-rices, performers, blanchisseurs-euses d’argent et bien d’autres, les Climate Games ont réussi à tenir leur promesse : être le plus grand Jeu d’Action Aventure Désobéissant du Monde !
Nous avons vu des équipes envahir des showrooms automobiles, des banques et autres institutions capitalistes, déguisés en légumes ou en animaux laissant derrière elles une nature aux abois. Nous avons vu des corps désobéissants entraver quelques unes des plus grosses machines de destruction dans les mines à ciel ouvert d’Allemagne. Nous avons écouté une radio pirate émettant illégalement du haut de la Tour Eiffel. Des milliers de faux journaux gratuits parisiens ont été distribués dans le métro, tandis que des bureaux de lobbyistes et de greenwashers se voyaient couverts d’une bonne dose de peinture, de vieille soupe puante et d’huile de vidange. Des Clowns Rebelles ont interrompu en direct un programme TV faisant la promotion de fausses solutions, pendant que toutes sortes de fêtes impromptues s’organisaient dans les bureaux des industries d’énergies fossiles. Des grimpeurs et grimpeuses sont monté-e-s dans des arbres sur le parcours d’une nouvelle autoroute et ont accroché des banderoles sur des monuments parisiens. Des sites de fracturation hydraulique ont été bloqués et des pistes cyclables clandestines peintes à Lille. Des plongeurs et plongeuses ont nagé à travers les rues tandis que des pingouins outrés ont manifesté dans des centres commerciaux et que des licornes scintillantes ont perturbé un marché de Noël. Des danseuses de cancan ont accueilli les visiteurs du Moulin Rouge avec le message « We Can Can change everything » et des centaines de rouleaux de papier toilette sur lesquels était imprimé le rapport du GIEC ont été introduit clandestinement dans le centre de conférence de l’ONU. Le 12 décembre, alors que le sommet tirait à sa fin avec son accord frauduleux, E.T errait dans Paris en sanglotant car il n’ a « plus de maison où aller » et le message #redlines, symbolisant les conditions minimales pour une planète juste et vivable franchies par l’accord, était inscrit sur les corps et les pavés gonflables, que ce soit au coeur de l’empire multimédiatique de Murdoch à Londres ou au parlement de Suède, ou à l’Arc de Triomphe à Paris ou la Statue de la Liberté à New York.
Il n’est pas vraiment possible de décrire toutes les actions, mais nous avons le plaisir de vous présenter une courte récap sous forme vidéo !
Lorsque l’État d’Urgence a été decrété, certain-e-s ont pensé pendant un moment que nous devrions annuler les Climate Games. L’atmosphère de peur à Paris était palpable – le simple fait de distribuer un flyer faisant la promotion d’une action politique pouvait être puni d’une peine de prison. Cela n’a pas aidé de recevoir un coup de téléphone absurde de l’ambassade des Etats Unis nous demandant si les Games étaient toujours d’actualité, car ils étaient sur la carte des cibles. Mais nous avons répondu avec notre coeur, pensant que la plus grande menace envers la sécurité, envers la vie sous toutes ses formes, est le système qui alimente la catastrophe climatique et que l’histoire n’a jamais été faite par celles et ceux qui demandent la permission. Il n’y avait donc pas de raison d’arrêter les Climate Games.
La diversité créative de toutes les actions a surpris tout le monde et la Cérémonie de Clôture n’a pas seulement été une superbe manière de célébrer les milliers de personnes qui avaient participé mais également une bonne excuse pour se rassembler et partager nos récits de rébellion. Plus de 600 personnes ont assisté à la Cérémonie, se sont explosé les mains pour encourager le renard en charge de l’applaudimètre, ont hurlé de joie lorsque les prix – de magnifiques pochoirs en bois agrémentés de spray de peinture – étaient distribués aux équipes gagnantes. Certains de ces prix ont été attribués à des gagnant-e-s très spéciaux-les, comme la Cape d’Invisibilité qui est revenue à tou-t-es celles et ceux assigné-e-s à résidence pendant l’État d’Urgence. Nous avons dansé notre colère et nos joies jusque tard dans la nuit sur les basses internationales de Filastine et Nova et les beats excentriques de DJ Ronack.
Pour celles et ceux qui veulent savoir qui a gagné, allez sur notre Galerie des Prix.
Bien que nous n’ayons pas envoyé un seul communiqué de presse, les Climate Games ont reçu une très bonne couverture médiatique. Ils ont été le sujet de dizaines d’articles dans des journaux nationaux, du Guardian en GB à BirGün en Turquie en passant par Libération en France ou TAZ en Allemagne. Il y a également eu des articles dans des magazines aussi variés que la bible des makers Makery, des revues d’histoire de l’art, et même des blogs de droite qui nous ont trouvé « louches ». Des joueurs et joueuses ont été interviewé-e-s plusieurs fois par la radio publique (et pirate) française et la bande annonce a été diffusée dans des cinémas ainsi que sur des webTV tel que Mediapart.
Naomi Klein a tellement adoré le slogan « Nous sommes la Nature qui se défend » qu’elle l’a utilisé plusieurs fois dans ses discours à Paris et qu’elle a même posé un autocollant des Climate Games sur son ordinateur. Il a été scandé dans les rues pendant le 12 décembre, écrit sur les murs avec un superbe graffiti en mousse et la version hacka (danse de guerre Maori) de l’équipe belge est enseignée un peu partout en Europe…
Les Climate Games 2015 sont terminés, mais le site internet reste en tant qu’archive. Quiconque aimerait organiser des Climate Games peut nous contacter pour nous demander des conseils et le code open source, n’hésitez pas à nous envoyer un email.
Merci à tou-te-s celles et ceux qui ont pris part à cette aventure, que vous ayez préparé des repas pour les activistes ou écrit du code, ouvert des squats ou designé des flyers, fabriqué des costumes ou fait des interviews… Ensemble nous avons montré, comme le dit Alice Walker, que « la résistance est le secret de la joie ».
Nous espérons vous revoir en mai lorsque les mouvements vont bloquer les infrastructures des énergies fossiles partout. Les Climate Games COP21 sont terminés, vive les Climate Games !
Rebellement vôtre,
Climate Games