Pour la quatrième année consécutive, des militants de Vredesactie et d’Agir pour la Paix perturbent la conférence annuelle de l’Agence européenne de défense (AED) au cours de laquelle quatre cents marchands d’armes, lobbyistes et décideurs se sont retrouvés pour y débattre de l’avenir de la défense européenne. La conférence se déroule à huis clos, à l’abri des critiques citoyennes. “Nous refusons d’externaliser notre sécurité à l’industrie de l’armement”, explique l’un des militants. “Cela ne fera que conduire à plus d’exportations d’armes, plus de violence, plus de guerre”. La police a procédé à 18 arrestations administratives.
“En période d’austérité, l’Union européenne subventionne une industrie qui exporte des morts et des conflits”, a déclaré l’un des militants qui s’apprête à assister à la conférence annuelle de ce 23 novembre, où des représentants de l’industrie de l’armement et des décideurs se rencontrent. Parmi eux figurent également quelques politiciens, dont Federica Mogherini ou Julian King.
Selon des informations obtenues par Vredesactie, l’AED a invité en 2016 près de trois cents représentants de l’industrie de la défense. “L’AED est une agence européenne officielle financée par des fonds publics”, explique Bram Vranken de l’organisation néerlandophone Vredesactie. “L’AED ne devrait pas répondre à l’industrie de l’armement mais devrait plutôt rendre des comptes aux citoyens européens.”
De puissants lobbies de l’armement
Le lobby de l’armement occupe une position influente au sein de l’Union européenne : en cinq ans, l’ensemble du budget annuel investi dans le lobbying par les dix premières compagnies d’armement européennes a doublé, passant de 2,8 millions € à 5,6 millions €, ce qui prouve son efficacité…
Le rapport intitulé “Sécuriser les profits ou comment les lobbies de l’armement détournent la politique de défense européenne” publié le mois dernier par Vredesactie, montre comment le processus décisionnel du Fonds européen de défense a été largement dominé par l’industrie. Certaines propositions faites par la Commission européenne ont été presque littéralement copiées-collées des recommandations faites par ces lobbies. Ni la société civile ni le Parlement européen n’a bénéficié d’une contribution substantielle à ces décisions de grande portée.
40 milliards € pour l’industrie de l’armement
La semaine dernière, les États membres européens ont lancé PESCO, une coopération structurée permanente. Les 23 États membres participants se sont engagés à dépenser davantage pour la défense et l’achat de matériel militaire. Au sein de PESCO, il existe un fond européen de défense estimé à 40 milliards d’euros, destiné à la recherche et au développement de nouveaux armements.
“Le Fonds européen de défense est un cadeau pour l’industrie de l’armement”, a déclaré Bram Vranken de Vredesactie. Cela ne mènera pas à plus de sécurité, puisqu’il ne vise pas à accroître la sécurité. C’est un fonds de stimulation industrielle à l’attention des principales multinationales européennes de l’armement.”