Position d’Agir pour la Paix à propos de la guerre en Ukraine

Le 26 février prochain une manifestation nationale aura lieu à Bruxelles pour réclamer la fin de la guerre en Ukraine. Agir pour la Paix invite ses membres et sympathisant/e/s à venir en nombre au rassemblement.

Plus de 50 associations se groupent pour exprimer l’urgence d’arrêter ce massacre qui ressemble de plus en plus à ce qui s’est passé durant la Première guerre mondiale. 

Nous tenons à rappeler nos positions par rapport à cette guerre.

La situation est très complexe mais nous choisissons résolument le camp de la paix.

– Idéologiquement, la première victime de la guerre est la vérité.

– La Russie et l’Ukraine ont déjà perdu cette guerre.

– Il n’y aura pas de victoire, mais des monceaux de cadavres de part et d’autre.

Nous condamnons l’invasion perpétrée par la Russie, mais nous condamnons aussi l’implication de l’OTAN dans le conflit.

Il importe de rappeler que depuis son origine, Agir pour la Paix est opposée aux alliances militaires et l’OTAN ne fait pas exception. Nous sommes convaincu/e/s que la militarisation ne peut apporter la paix et qu’elle nous éloigne d’une sécurité collective. La logique militariste exacerbe un climat de peur, de conflit et de violence.

« La diplomatie fonctionne mieux que la dissuasion militaire pour éviter la guerre ; la promotion active des processus de paix et de la résolution des conflits est plus efficace pour former des alliances entre Ētats. La promotion du désarmement humanitaire et l’élimination des armes de destruction massive par le biais d’accords multilatéraux et bilatéraux réduisent la probabilité d’une menace de guerre. » (1)

Cette guerre est en train de prendre la forme d’une escalade et nous ne savons pas où elle va se terminer. Nous ne voulons pas être alarmistes et brandir inutilement le risque nucléaire, mais assurément il est certain que la seule issue est larecherche active de la paix. Il n’y a pas de guerre propre, toute guerre entraîne une propagande mensongère de tous les côtés. Celle-ci vise notamment à masquer les violations des droits humains commises dans chaque camp, lesquellestouchent et traumatisent l’ensemble des populations. Les viols et les tortures dont les civils (femmes, hommes et enfants) ou les prisonniers sont victimes constituent des exemples d’horreurs parmi d’autres ; essentiellement elles sont le fait des envahisseurs, mais les excès des envahis n’y trouvent aucune justification.

En outre, les conséquences environnementales de la guerre sont désastreuses. Pollution des sols, incendies, radioactivité entraînent des conséquences irrémédiables sur l’environnement. Dans les médias, on parle d’écocide.

Une étude que cite le Conseil quaker pour les affaires européennes montre qu’au cours des 35 dernières années, 77 % des conflits violents ont pris fin par un accord de paix contre seulement 16,4 % à la suite de victoires militaires. (2)

Pour toutes ces raisons, nous militons pour une sortie de la Belgique de l’OTAN.  « Les guerres de l’OTAN n’ont amené que plus d’instabilité, plus de violence et de chaos » explique un collègue de la CNAPD, Samuel Legros, sur S.I.S. radio (3.) Nous nous opposons aussi fermement à l’envoi d’armes en Ukraine car nous savons qu’elles entretiennent le conflit et éloignent des pourparlers qui pourraient mener à la paix.

Il est essentiel d’insister sur le fait qu’Agir pour la Paix est une association qui défend le droit à l’objection de conscience à la conscription. La Belgique et les pays européens doivent donner un droit d’asile et une protection aux objecteurs de conscience et déserteurs, hommes et femmes, quelle que soit leur origine : ukrainienne, russe, biélorusse, et autre. Nous sommes inquiets des mesures prises par les autorités russes et ukrainiennes qui répriment l’objection de conscience sans respect des règles que consacre la Convention européenne de sauvegarde des droits humains. Il est inadmissible que des normes prévues pour protéger les droits humains menacés surtout en temps de crise soient mises en cause, précisément en cette période de graves turbulences. Les pays européens doivent plus que jamais protéger les droits démocratiques qu’ils prétendent défendre et dont ils dénoncent la violation par la seule Russie.

Agir pour la Paix milite aussi pour une sécurité collective basée sur des valeurs humaines et non belliqueuses. Les institutions internationales comme l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe, et l’ONU doivent garder toute leur place. Un monde sans guerre demande des changements profonds et globaux. Nous pouvons commencer à y contribuer en prenant conscience de nos privilèges. Les systèmes de domination (les trois principaux : racisme, capitalisme et patriarcat) nourrissent les conflits. La logique suprémaciste basée sur la militarisation doit être remise en question et laisser la place à d’autres logiques comme la collaboration, le respect de l’autre, la solidarité, la justice sociale, la cohésion. Le respect de l’environnement collaborera aussi au maintien de la paix.

Agir pour la Paix demande aussi que les gouvernements explorent mieux les possibilités de résistance non violente aux agressions et fassent entreprendre immédiatement des recherches effectives dans ce sens. Il s’agit d’éviter que les combats actuels se terminent par une paix fragile, et que les innombrables frustrations accumulées aboutissent à de nouveaux affrontements.

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1. Ruiz, A. Vranken, B. Vignarca, F. Calvo, J. Sédou, L. de Vries, W. (2021) Une Union militarisée, Comprendre et affronter la militarisation de l’Union européenne, Rosa-Luxemburg-Stiftung, 2021. Téléchargement gratuit :https://www.rosalux.eu/kontext/controllers/document.php/949.3/3/82aaa4.pdf

2. Construire la paix ensemble, un guide pratique, Conseil quaker pour les affaires européennes, 2018, p. 2

3. Interview : https://www.youtube.com/watch?v=ETnANvJCUwc